Au bonheur de Belleville

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Le lecteur, peinture sur rideau de fer d’un magasin d’une rue de Belleville.

Certains auteurs sont associés à une ville ou même un quartier. C’est le cas entre autres de Chester Himes pour Harlem, de Daniel Pennac pour Belleville. Deux auteurs qui pour moi ont des airs de cousins très éloignés. Par les titres de leur roman, « La reine des pommes » et « Au bonheur des ogres« , « Il pleut des coups durs » et « La fée carabine« , par leur emploi de la série noire, d’une littérature populaire, sur un mode ludique, coloré et inventif, ils abordent des sujets sociaux similaires en dépit d’époques et de lieux différents, tels que le racisme dans une société multi-culturelle et en crise. street art rideau de fer belleville parisMais surtout ils ont pris comme décor unique d’une série de livres un quartier d’une métropole pour en faire le microcosme des turpitudes, de la bassesse comme de la bêtise, tout autant que le macrocosme fantasmé de nos utopies et de nos rêves.

C’est une promenade à Belleville, Samedi dernier, à l’occasion des journées portes ouvertes des nombreux ateliers d’artistes de ce quartier à cheval entre le dix-neuvième et le vingtième arrondissement principalement, qui a ravivé le grand plaisir que j’avais pris à la lecture des aventures de Benjamin Malaussène, figure incomparable, cocasse et touchante,  du bouc émissaire comme révélateur de la condition humaine.

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Le parc de Belleville en contrebas et la tour Eiffel à l’horizon

Bien que proche de mon domicile à pieds, je ne m’étais jamais vraiment aventuré dans Belleville. Une chose est certaine dorénavant, je retournerai sur sa colline.

street art belleville paris
street art, Belleville

Belleville a encore des allures du village qu’il était avant d’être absorbé par la capitale. Il lui reste du moins une atmosphère faite de rues étroites en pente qui s’entortillent entre elles, bordées de boutiques modestes transformées pour la plupart en ateliers d’artistes, et de petites places centrées sur un arbre autour duquel gravite des cafés et des commerces.

Je vous invite donc à me rejoindre sur ses hauteurs, dans cette déambulation familiale, au gré des vues diverses prises ce jour là sous lesquelles j’ai ajouté des précisions ou des citations de Daniel Pennac (mêlées à deux de Chester Himes pour le clin d’œil, à vous de les retrouver…). Pour l’anecdote, il y a déjà plusieurs années, 20160517_155411j’ai pu passer un très plaisant dîner en compagnie du premier, après une représentation d’une pièce magnifique de Roland Topor au théâtre de l’Atelier, « Un hivers sous la table« , avec Dominique Pinon et Isabelle Carré.

Si vous avez l’occasion de traverser ce quartier, je vous conseille également de vous arrêter pour prendre un verre, ou déjeuner, dans un bistrot que j’ai découvert « Mésanges », au 82 rue de la Mare. Endroit chaleureux, cadre sympathique, assez grand, lumineux et tranquille. Ils font en plus un délicieux et original Brownie sans chocolat… Je l’ajouterai surement à l’un des mes endroits de prédilection pour écrire ou rêvasser, comme ceux que j’ai indiqué dans « mes terrasses préférées« .

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Cliquez sur la photo pour aller sur leur page facebook.

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Un grand merci à ‘vy du blog « les oiseaux dans le bocal » pour m’avoir informé de cet évènement.

Les dix droits du lecteur, de Daniel Pennac. (paru en 1992)

« Dix droits et un seul devoir : ne vous moquez jamais de ceux qui ne lisent pas, si vous voulez qu’ils lisent un jour ! »

1 – Le droit de ne pas lire
2 – Le droit de sauter des pages
3 – Le droit de ne pas finir un livre
4 – Le droit de relire
5 – Le droit de lire n’importe quoi
6 – Le droit au bovarysme
7 – Le droit de lire n’importe où
8 – Le droit de grappiller
9 – Le droit de lire à haute voix
10 – Le droit de se taire

Publié par

Francis Palluau

Scénariste, auteur, réalisateur, professeur, consultant touriste sédentaire.

62 réflexions au sujet de “Au bonheur de Belleville”

  1. J’avoue n’avoir jamais rien lu de Pennac, peut-être parce que beaucoup de ses livres sont conseillés à la jeunesse et que je ne suis plus très jeune 🙂
    Belleville serait une bonne idée de promenade – ce serait pour moi un quartier à découvrir !

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    1. Mais non, la série des Malaussène (qui commence avec « Au bonheur des ogres » n’est pas un livre pour enfants (même si cela peut être lu par tout le monde). Pour moi, il est dans la tradition des grands feuilletonistes populaires. La verve, l’imagination, le sens de l’intrigue. Une fois qu’on a commencé, on ne peut plus lâcher… Merci pour votre visite !

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  2. Et mon cœur qui se serre à mesure que j’avance
    ces photos à la fois me rendent triste et m’excitent
    oh mon cœur qui se serre à mesure
    je les regarde vite, j’ai les yeux qui s’embuent
    ah mon cœur qui se serre
    merde paris, pourquoi tu me fais ça?
    par chance qu’aujourd’hui, y a du soleil ici
    et quelques gens heureux qui marchent sur ma rue
    sinon il serait pire ce désir d’être là
    comme alors quand j’y fus si bien et si heureuse
    c’est si beau paris que ça fait mal un peu
    cette promenade avec toi dans Belleville
    car un jour j’étais là moi aussi…
    mais ça fait si longtemps maintenant…
    P.-S. j’en profite pour te dire merci Francis pour tes souhaits d’anniversaire, et cette belle chanson de Ferrat que tu m’as rappelée, et ces images de lui alors qu’il était si jeune… je ne l’avais jamais vu aussi jeune, avec ce visage-là… merci, c’était bon.
    Ah, et aussi… tu sais, cette liste de Pennac sur les droits des lecteurs est affichée sur le mur de la place centrale à l’école primaire où ma bonne amie Anne enseigne…

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    1. Merci Caroline pour ce beau message. Je me dis que si mes textes procurent une émotion à quelques personnes, même si il y entre une part de tristesse ou de mélancolie, ils ne se dispersent pas dans le vide sans écho. Et puis, un jour, on peut toujours faire un échange d’appartement entre Paris et chez toi !

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      1. Oui, ce serait sympa… cela dit, je ne crois pas que de notre côté, ça puisse se faire avant un bon moment… mais qui sait, la vie est longue encore ! Et puis, pour tout te dire, quand j’imagine Paris, je rêve d’y « revivre » quelques mois… et non seulement d’y « passer »… il me semble qu’un simple arrêt, en touriste, serait plus souffrant qu’autre chose… Quoi qu’il en soit, l’idée d’un échange n’est pas tombée dans l’oreille d’une sourde… la première fois non plus…
        Sur ce, je te salue. Et j’espère que tes projets du moment t’allument et te transportent!

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  3. Merci pour cette évocation de l’œuvre de Pennac remise en perspective dans son quartier, et pour ces superbes photos. Je suis heureuse de pouvoir visiter ainsi des lieux si éloignés de ma province lyonnaise et si beaux !

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  4. Vous voilà de retour, plaisir de vous lire comme toujours, merci pour ce billet qui me renvoie évidemment aux triplettes de Belleville pour ce qui me concerne. Et je ne savais pas ou ça m’a échappé que Malaussène habitait Belleville !

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  5. Merci, cher Francis, pour ce bel article. J’adore Pennac et je viens de le faire découvrir à mon fils de 24 ans qui s’est entiché de cet auteur si imaginatif. J’ai acheté l’autre jour dans ma librairie un roman d’une auteure que je ne connaissais pas Elena Ferrante, « Une amie formidable », uniquement parce que la jaquette disait « Le livre que Daniel Pennnac offre à ses amis » et je ne l’ai pas regretté. Merci pour cette jolie promenade à Belleville. Et le parcours d’artiste avait l’air de qualité : ces « choses » qui pendent dans le lavoir m’ont intriguées et je vais tenter d’agrandir pour en voir plus. Quant au street art, vous connaissez mon opinion à ce sujet, indéfectiblement fan que je suis ! Quant à Himes, comme ‘vy, je ne connais pas. Donc, ravi de te revoir de temps en temps, c’est toujours un plaisir !

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    1. Merci Anne, pour l’info sur ce livre également, que je vais donc me procurer. Ma fille venait de lire Kamo de Pennac, quand j’ai diner avec lui. Malheureusement, je n’avais pas le livre sur moi pour le lui faire dédicacer… Il était charmant, tel qu’il parait dans ses interviews. Himes est différent de Pennac, bien sur, plus acerbe et iconoclaste, mais ils ont des points communs indéniables. Ses deux personnages récurrents, deux flics noirs de Harlement, s’appellent Ed Fossoyeur et John Cercueil… (je pense que ça pourrait vous plaire)

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          1. Non, non, c’est moi. On s’est retrouvé devant le théâtre, après la représentation, à attendre notre ami commun, dominique Pinon, avec qui on est parti dîner. Sur le coup, je n’en revenais pas. Bon souvenir.

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  6. Si mes souvenirs sont bons, les dix droit du lecteurs faisait la quatrième de couverture de Comme un roman. On devrait ajouter un devoir (plaisir) : lire ce livre.

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  7. Déambulation sympathique ! Alors je ne connais aucun des auteurs cités, bien que le nom Pennac ne sonne pas inconnu à mes oreilles, donc je ne risque pas de trouver les intrus…. Sinon sur ta galerie, j’adore la dernière photo, cette peinture murale de « silence explosif » m’a tout de suite sauté aux yeux…. Les 2 photos consacrées aux peintures sur les poutres de béton, l’idée est originale et sympathique, ça doit faire bizarre de se promener entre « ces individus ». Je finirais par le dessin introduisant ton article, que ‘vy semble adorer aussi, je ne l’avais pas bien vu au début, c’est en lisant le commentaire de ‘vy que je suis retourné dessus… et je vais essayer d’approfondir sur ce dessinateur…

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      1. Oui, justement lors de mon deuxième passage, ce qui explique ma curiosité et mon intérêt pour cet auteur… un savoureux dessin !

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  8. Je ne connais pas George Pennac (ni Belleville d’ailleurs), mais les citations me donnent très envie de le découvrir.
    « Etre libre, c’est d’abord être libéré du besoin de comprendre. »
    Ma réponse pourrait être « oui mais pourquoi ? », mais bien entendu c’est là tout l’objet de cette phrase. Ainsi je me demande plutôt, « oui mais comment ? ». N’est-ce pas ce besoin qu’on nous inculque à l’école ? Sauf si je confonds avec le besoin de savoir…

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    1. Merci Pidiaime, je vous conseille de commencer par le premier de la série, « au bonheur des ogres ». Mais il a aussi écrit des livres pour enfants et des essais sur le roman et la lecture. C’est un auteur dans la tradition (pour moi) des auteurs de feuilleton populaire du 19ème siècle. En contemporain bien sur. Des personnages haut en couleur, des rebondissements, mais aussi un contexte social, sociologique. quant à cette citation, c’est en cela qu’elle est intéressante, car paradoxale (elle donne envie de réfléchir et de comprendre…). Lisez le si vous le pouvez, vous ne serez pas déçue.

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  9. Oh, dès l’image de tête j’ai le coeur qui s’emballe, tu attaques fort mon émotion avec ce dessin de Philippe Hérard que j’apprécie tellement… et passer ensuite à Pennac, et à Malaussène surtout, j’ai tellement aimé… je n’entends jamais parler de Belleville sans penser à eux. Je me suis toujours promis d’y aller… et jamais je n’y ai mis les pieds… ou jamais je n’arrive à y mettre les pieds. Je n’ai pas encore vu tes photos mais comme mon coeur battait très fort (je ne plaisante pas) pour Hérard, pour Pennac, pour Malaussène (je ne connais pas Chester Himes)… je me demande si je ne viens pas de subir le syndrome de Stendhal, en tout cas, je viens de le comprendre. Bon, je respire et je vais continuer sur l’album…

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    1. « Mésanges », au 82 rue de la Mare (oiseaux et eau réunis, c’est pour moi, ça), sûr que je retiens l’adresse, dès que le soleil est là, je vais faire un tour là-bas, j’ai l’impression que ça va me plaire un max ! Un grand merci à toi, Francis, pour y être allé et avoir partagé. Je crois que c’est un de tes articles qui m’a le plus touchée, j’ai l’impression qu’il me fait rayonner le coeur… l’effet Pennac, sans doute.

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        1. Les ateliers ont refermé leurs portes au public mais le quartier reste ouvert et la plupart des choses que tu montres sont encore visibles, et il y en aura d’autres. Je vais squatter ces rues, je crois.

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    2. Merci à toi de m’avoir informé de ces journées portes ouvertes, c’était l’occasion de découvrir ce quartier ! Tu m’apprends aussi le nom de ce street artiste. Chester Himes est un auteur de polar de la série noire qui a d’abord été connu en France, grâce à Marcel Duhamel, alors directeur de cette collection. C’est sans doute un auteur qui plait plus aux hommes.

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